mardi 14 février 2012

REGARD PERSAN



C’était une marche de résidents[1] de la téci,[2] afin de dénoncer des discriminations.
J’avais une banderole sur laquelle était dessiné un rire d’enfant.
Les flics sont intervenus « pour empêcher ce rire islamique[3] d’exploser » !
J’ai été arrêté et accusé de « participation à une marche non autorisée », et « d’incitation à la haine raciale » ![4]
Ce n’était pas la première fois.
J’en avais vu d’autres.
Les flics m’ont toujours eu à l’œil, et ils continuent.
À la fin de la garde à vue, ils m’ont déposé au tribunal, après un tabassage et des insultes, où même mes ancêtres[5] ont reçu leur part.
Ce n’était pas la première fois non plus.
Je n’étais pas le seul.
Étant mineur, un éducateur du tribunal, basané comme moi,[6] m’a vu en premier.[7]
Il avait des bagouzes[8] à plusieurs doigts, une boucle à l’oreille gauche, et un tatouage sur le cou.[9]
« Les ducs à tiffes »[10] c’est aussi « ça », a-t-il marmonné, lorsqu’il a constaté que je ne voyais pas tout « ça » d’un bon œil.
J’ai été voir une juge ensuite.
La même qu’il m’était déjà arrivé de voir, lorsque j’ai été accusé du « viol de lalla Galité »,[11] et de « rébellion à l’encontre d’un agent dépositaire de l’autorité publique » ![12]
L’éducatrice[13] chargée de mon « suivi éducatif » en milieu dit « ouvert »,[14] a dit que j’avais tapé dans l’œil de la juge.[15]
Aussi jeune que l’éducatrice, rousse,[16] les yeux verts, elle voulait que je zyeute sa petite culotte qu’elle exposait en écartant les jambes,[17] lorsqu’elle faisait semblant de fixer son code pour me parler de loi,[18] tout en me regardant du coin de l’œil, afin de s’assurer que je n’étais pas suspendu à ses lèvres.
De temps à autre, elle posait sur moi un regard très lourd, dont je supportais mal le poids, même si je ne le laissais pas voir.
Mon regard à moi qui s’arrêtait de temps à autre, était insaisissable, fuyant, difficile à attraper, y compris par les deux flics qui étaient dans le bureau, et à qui je lançais un regard noir dès qu’ils osaient la moindre tentative.[19]
Lorsque la juge a fini avec moi, elle a pris « un regard bovin » selon l’éducatrice chargée de mon « suivi éducatif » en milieu « ouvert », mais moi je n’ai jamais repris cette façon de voir de l’éducatrice, parce que c’est insultant pour les animaux, et les animaux, moi je les respecte.
Je m’en étais tiré avec une prolongation de l’AE[20] en milieu « ouvert ».
La semaine d’après, j’étais au bureau de l’éducatrice chargée de mon « suivi éducatif » en milieu « ouvert ».
Je ne me souviens pas de ce que nous passions en revue, lorsqu’elle m’a fixé en soulignant que parfois, elle se sentait pénétrée par mon regard.
Mon œil s’est attardé sur elle, mais je n’ai pas pu voir où elle voulait en venir.
Un autre jour, elle m’a sorti que mon regard était perçant.
Je lui ai répondu que je ne voyais pas de lien avec un chat d’Iran[21] quant à ma façon de regarder, même en tenant compte de mes origines d’Orient, et que elle, qui voyait tout, pouvait m’éclairer sur ce point.
Elle a répondu qu’elle ne parlait pas de « persan »,[22] mais de « perçant », qu’elle emmerdait le chah d’Iran,[23] et que pour sa chatte gauloise, elle verrait bien un chat persan.[24]

BOUAZZA

[1] Français depuis belle lurette pour la plupart, ils sont toujours traités de sales étrangers, méprisés, insultés, humiliés, et autres.
Dans les pays d’origine de ces résidents issus du processus migratoire, les "États" mis en place pour servir l’impérialo-sionisme, sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
[2] La cité.
Des cités des banlieues où sont parquées des populations issues du processus migratoire, considérées comme des merdes, et où des jeunes expriment leur colère pour protester contre le traitement qui leur est réservé.
Des cités regardées par la classe dite politique, toutes tendances confondues, comme des lieux de perdition, des repaires d’agresseurs, de casseurs, de voleurs, de drogués, de trafiquants, de violeurs, de sauvageons et autres.
[3] Terroriste, disent-ils aussi.
Se reporter à mon texte intitulé "Souffle", dans le CD intitulé "Les ducs à tiffes".
[4] La haine dite raciale est le fait des imposteurs qui s’acharnent à soutenir que l’humanité (dite aussi la race humaine) est formée de "plusieurs races", "des races" qu’ils classent selon leurs intérêts afin de continuer d’alimenter et d’entretenir l’imposture, fondée sur le faux, le mensonge, l’agression, le mépris, l’arrogance, l’oppression, l’exploitation, l’horreur, la destruction, l’extermination.
Les pratiques de ces imposteurs ne mettront jamais fin aux luttes des populations, et à la Résistance des croyants et des croyantes (almouminoune wa almouminaate).
[5] Pas les gaulois, les autres.
[6] Un intégmilé (contraction des mots intégré et assimilé).
Issu du processus migratoire, il clame sa reconnaissance, sa soumission à ceux qui lui répètent que faire allégeance à "la République Laïque", "s’intégrer", "s’assimiler", c’est d’abord balancer l’Islaam, bouffer du porc, boire du vin, baiser sans interdits, du cul sans frontières, du sexe tous azimuts, et pas que dans le mariage.
Beaucoup de mâles et de femelles aveuglés, agissent comme lui, pour devenir "visibles" et être "bien vus" par "la République Laïque" !
Se reporter à mes textes intitulés "Ni vendues, ni achetées", "Soumission", "Intégmilation" , "Les experts", "Modèles", "Encore sur les modèles", "Intégmilés", "Musulmans couscous", "Nouvelle gauloise".
[7] Lorsqu’un mineur est déféré en France, un service dit "éducatif" auprès du tribunal le voit pour faire des propositions au juge afin que le mineur puisse bénéficier de mesures destinées à des mineurs.
[8] Des bagues.
[9] Une lettre dite de l’alphabet "berbère", selon ce que lui a appris un "chercheur universitaire" spécialiste de "la Kabylie", fils d’un ancien militaire du colonialisme français en Afrique, attaché à ce que les survivants des massacres, des destructions et des exterminations colonialistes, puissent apprendre que leurs ancêtres étaient les gaulois.
Devenu "homme politique" en réintégrant la métropole, il n’a pas cessé de vanter "l’apport civilisationnel du colonialisme français", et de condamner la barbarie de l’occupation de la France par l’Allemagne en 1940.
Cette occupation a duré cinq ans.
L’occupation de la France en Afrique a duré plusieurs dizaines d’années.
Le pire a été commis par la France, et d’autres.
Il n’est pas inutile de rappeler qu’avant le partage colonialiste de l’Afrique, l’esclavage a fait des ravages.
Par la suite, les crimes colonialistes n’ont rien épargné.
Aujourd’hui, l’impérialo-sionisme continue d’alimenter, d’entretenir et de répandre les ordures, la pourriture, la puanteur, les ténèbres.
Les systèmes mis en place par les employeurs des pays dominants, contribuent à faire de ce continent une décharge d’immondices dans tous les domaines.
Un continent où la merde gicle et dégouline de partout.
Nauséabonde.
Des pays dans d’autres continents ont connu et connaissent cela.
Les rappels de la barbarie du régime allemand qui a duré quelques années, sont quasi quotidiens, certains ont en fait, à travers le monde, un fonds de commerce qui ne cesse d’étendre ses ramifications, au nom de ce qui est appelé "le devoir de mémoire".
Par contre, lorsque des personnes des pays qui ont connu la barbarie du colonialisme et ses horreurs pendant des dizaines et des dizaines d’années veulent parler de cette barbarie, le silence leur est imposé avec orgueil, arrogance, mépris, et il leur est ordonné de "tourner la page", voire d’être reconnaissants !
Se reporter à mon texte intitulé "Apport civilisationnel".
[10] L’éducatif.
[11] Dame Galité, lalla Galité, la légalité.
Je n’ai eu aucun mal à lui prouver que je n’ai pas violé cette dame que je ne connais pas.
La juge a beaucoup ri (alors qu’elle le fait très rarement paraît-il), et j’ai fait comme si je ne voyais pas pourquoi !
[12] La juge a cessé de rire, et a décidé de m’envoyer en prison où j’ai passé un mois en détention provisoire, pour être condamné par la suite à une peine équivalente au temps déjà passé en incarcération (de cette façon, toute protestation pour détention abusive, devient "nulle").
[13] Celle qui délirait à tout bout de champ sur son sein-dit-cas (syndicat), se grattait le derrière pour faire sentir ses pro-positions d’alternative à l’enfermement.
[14] Lorsque le mineur n’est pas retiré à ses parents pour être placé dans une autre structure (famille d’accueil, foyer, prison), structure où le suivi dit "éducatif"continue.
[15] J’avais beau lui expliquer que je ne frappais pas les femmes, elle se contentait de répéter : "Pas frapper, taper" !
[16] Se reporter à mon texte intitulé "La rousse".
[17] Se reporter à mon texte intitulé "Les pets de dame Oclès", dans le CD intitulé "Les ducs à tiffes".
[18] Qu’elle désignait aussi par "épée de dame Oclès" (épée de Damoclès).
[19] Je n’étais plus chez eux au commissariat, et je le montrais.
La rousse aux yeux verts le voyait bien, et laissait faire.
[20] L’Assistance Éducative.
[21] Ne pas confondre avec un chah d’Iran.
[22] La Perse, l’Iran, un chat persan.
[23] Pas le chat d’Iran.
[24] Voir :
http://raho.over-blog.com
http://paruredelapiete.blogspot.com
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com
http://laroutedelafoi.blogspot.com
http://voyageur-autre.blogspot.com

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