Je l’ai connu dans le cadre du travail.
J’étais chargé au sein d’une administration publique de mettre en place une prestation que lui proposait dans le cadre d’une entreprise privée.
Le courant est passé tout de suite, comme dit je ne sais qui.
L’entreprise pour laquelle il travaillait a été retenue pour la prestation, et j’ai été donc amené à le rencontrer assez régulièrement.
Nous avons sympathisé comme dirait l’autre.
Un jour, il m’a demandé la traduction de « chabacounii ».
J’étais étonné[1] qu’il connaisse ce terme utilisé dans certaines régions du Maroc pour désigner des troupes répressives utilisées par le régime tyrannique en place contre les populations.
Ces troupes[2] interviennent contre des manifestations qui ne nécessitent pas la présence des « Compagnies Mobiles d’Intervention »[3] (l’équivalent des Compagnies Républicaines de Sécurité[4] en France) mieux équipées pour les massacres, ou celle de l’armée, plus meurtrière.
Je ne sais plus si j’avais dit tout cela, mais je me souviens en gros de la suite :
─ D’accord, mais le mot en « marocain »,[5] est traduisible comment en français ?
─ Je ne sais pas.
─ Je vais te le dire.
Au départ, « chabacounii », c’est du français.
Tu vas comprendre.
Lorsque les français étaient au Maroc,[6] des populations manifestaient contre cette présence.[7]
Parfois, avant d’intervenir contre les manifestants, les forces de l’ordre[8] les mettaient en garde et leur demandaient de se disperser, sinon « ça va cogner », disait le responsable de ces forces.
Tu saisis ?
« Ça va cogner ».
« Chabacounii ».
Les marocains ont tout simplement marocanisé l’expression française.
Je vais te faire connaître un livre qui traite un peu de ces mélanges, avait-il conclu.
Et c’est ainsi que j’ai eu « Le français d’Afrique du Nord. Étude linguistique ».[9]
Les saisons ont succédé aux saisons.
Déjà plus d'une vingtaine d’années depuis notre première rencontre.
L’existence ici-bas de cette personne s’est achevée, il y a un certain temps.[10]
BOUAZZA
J’étais chargé au sein d’une administration publique de mettre en place une prestation que lui proposait dans le cadre d’une entreprise privée.
Le courant est passé tout de suite, comme dit je ne sais qui.
L’entreprise pour laquelle il travaillait a été retenue pour la prestation, et j’ai été donc amené à le rencontrer assez régulièrement.
Nous avons sympathisé comme dirait l’autre.
Un jour, il m’a demandé la traduction de « chabacounii ».
J’étais étonné[1] qu’il connaisse ce terme utilisé dans certaines régions du Maroc pour désigner des troupes répressives utilisées par le régime tyrannique en place contre les populations.
Ces troupes[2] interviennent contre des manifestations qui ne nécessitent pas la présence des « Compagnies Mobiles d’Intervention »[3] (l’équivalent des Compagnies Républicaines de Sécurité[4] en France) mieux équipées pour les massacres, ou celle de l’armée, plus meurtrière.
Je ne sais plus si j’avais dit tout cela, mais je me souviens en gros de la suite :
─ D’accord, mais le mot en « marocain »,[5] est traduisible comment en français ?
─ Je ne sais pas.
─ Je vais te le dire.
Au départ, « chabacounii », c’est du français.
Tu vas comprendre.
Lorsque les français étaient au Maroc,[6] des populations manifestaient contre cette présence.[7]
Parfois, avant d’intervenir contre les manifestants, les forces de l’ordre[8] les mettaient en garde et leur demandaient de se disperser, sinon « ça va cogner », disait le responsable de ces forces.
Tu saisis ?
« Ça va cogner ».
« Chabacounii ».
Les marocains ont tout simplement marocanisé l’expression française.
Je vais te faire connaître un livre qui traite un peu de ces mélanges, avait-il conclu.
Et c’est ainsi que j’ai eu « Le français d’Afrique du Nord. Étude linguistique ».[9]
Les saisons ont succédé aux saisons.
Déjà plus d'une vingtaine d’années depuis notre première rencontre.
L’existence ici-bas de cette personne s’est achevée, il y a un certain temps.[10]
BOUAZZA
[1] Même en sachant qu’il a passé plusieurs années au Maroc.
[2] Dites aussi "mkhazniyaa", du mot "mkhzn" (makhzen) qui désigne "l’État", ou "mrda" (le "r" roulé), de "muerte" ou "merda" en espagnol (mort, merde).
[3] C.M.I.
[4] C.R.S.
[5] En arabe parlé dit "ddarija" (le "r" roulé), ou en berbère.
[6] Pour ne pas dire lorsque la France occupait, colonisait le Maroc.
[7] Les populations n’ont pas cessé de manifester et de lutter, y compris depuis "l’indépendance dans l’interdépendance" (statut octroyé par le colonialisme au sultanat transformé en "monarchie héréditaire de droit divin", régime mis en place pour continuer l’imposture, la trahison, la tromperie, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, la tyrannie, le crime, la torture, l’oppression, l’exploitation et autres.
Les populations ne cesseront pas de manifester et de lutter.
[8] Les forces de l’occupant, du colonialisme.
En France, tout est mis en oeuvre "pour ne pas oublier les massacres du nazisme", car "oublier les massacres du nazisme est un crime contre la mémoire".
Et tout est mis en œuvre pour ne pas parler du colonialisme français en terme d’occupation, et pour souligner son "apport civilisationnel".
À la "libération" par exemple, les populations qui résistaient au colonialisme français continuaient d’être massacrées partout, alors même que des centaines de milliers de personnes parmi ces populations ont servi de chair à canon contre le nazisme.
Les crimes contre l’humanité commis par le colonialisme, par l’impérialo-sionisme, crimes qui se poursuivent, sont des "inventions des obscurantistes, des fanatiques, des intégristes, des islamistes, des terroristes, des antisémites, des barbares, des ennemis de la civilisation, des ennemis des femmes, des ennemis de la démocratie".
"Il faut tourner la page".
Ne pas "tourner la page" disent les tenants du colonialisme, de l’impérialo-sionisme, c’est "menacer la communauté internationale", "porter atteinte aux droits de l’homme", "s’opposer à la paix dans le monde".
Vous comprenez ?
Il faut oublier tout cela et ce qui s’en suit, et "tourner la page", répètent les imposteurs, les adeptes du faux.
[9] A. Lanly, Éditions Presses Universitaires de France (P.U.F), Paris, 1962.
[10] Voir :
http://raho.over-blog.com/
http://paruredelapiete.blogspot.com/
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com/
http://laroutedelafoi.blogspot.com/
http://voyageur-autre.blogspot.com/
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