jeudi 5 janvier 2012

LIVRES


J’avais des livres un peu partout.
Je me suis séparé de beaucoup.
J’en ai mis dehors,[1] alignés le long du mur de clôture, du côté de l’entrée de la maison où je suis installé, située dans une petite rue pas fréquentée.
Silencieuse.[2]
Je me doutais que des personnes allaient venir de je ne sais où, pour s’approprier les livres.
Lorsque je suis ressorti quelques heures plus tard, je n’ai vu personne, et les livres n’y étaient plus.
Qui les a pris ?
Pourquoi ?
Où sont-ils ?
Seront-ils lus ?
Dans quel but ?
Mystère.
Par la suite, j’en ai donné à des associations, à des particuliers dans des brocantes, et autour de moi.
J’en ai encore à donner.
Il y a de cela un certain nombre d’années, quelqu’un est venu passer quelques jours à la maison.
Il m’a fait part de son intérêt pour la lecture et pour les livres.
Lorsque je lui ai fait savoir qu’il peut emporter les livres qu’il veut, qui sont sur le rayonnage, il m’a remercié en m’expliquant qu’avec tout ce qu’il a à ramener au pays, il risque d’avoir un excédent de bagages, et qu’il regarderait peut-être une autre fois pour les bouquins.
Après son départ je n’ai eu aucun mal à constater qu’il a pris un certain nombre de livres du rayonnage.
Cette personne[3] se donne un genre qui ne correspond pas à sa nature : chassez le naturel, il revient au galop.
Qu’Allaah nous éclaire et nous guide.
J’ai gardé les livres sur le Maroc, et augmenté leur nombre.
Certains ont été achetés en présence de mes fils, enfants, qui aimaient m’accompagner à la recherche du livre « rare ».
Le plus jeune s’investissait beaucoup dans cette tâche, et chaque fois que « la chasse » était bonne, et qu’il tombait sur une publication qui étalait « Maroc » en couverture, sa joie éclatait et fusionnait avec la nôtre.
C’est pour mes fils que je garde des livres sur le Maroc.
Au cas où ils les voudraient un jour.[4]
J’ai envoyé des livres, lorsque j’avais l’occasion de le faire avec un neveu de passage, à une sœur qui aime lire.
Cette sœur, autrefois installée ici, est retournée au Maroc depuis un certain temps déjà.
Il n’y a pas longtemps, elle était de passage en France, m’a téléphoné de chez la fille d’une femme de ses relations, pour me dire qu’elle allait faire un saut afin de prendre quelques livres.
Elle est passée et je lui ai dit de regarder, y compris parmi les livres sur le Maroc, et de prendre ce qui pourrait l’intéresser.
Cette sœur a pris deux immenses sacs utilisables pour les courses dans les grandes surfaces, et les a remplis à craquer de plusieurs dizaines de livres, dont elle n’a même pas regardé le titre.[5] Elle n’avait pas la moindre idée de certains, très rares, très recherchés, qu’elle a embarqués comme des boîtes de conserve au rabais dans un supermarché.
J’ai du mal à comprendre cette façon de faire.
Que signifie ce « comportement compulsif » ?
Après des années d’agitation, je la croyais, à soixante six ans, plus calme, plus réfléchie, plus posée, plus apaisée.
Je me suis trompé, encore une fois.
Elle a essayé de me faire croire qu’elle s’est servie pour elle, pour son fils et sa fille installés en France, ainsi que pour mon frère aîné et d’autres membres de la famille.
Des mensonges.
Je lui ai signalé que parmi les livres qu’elle a embarqués dans les sacs, beaucoup sont interdits au Maroc, et risquaient de lui causer des problèmes.
Elle n’avait que faire de ma mise en garde.
Je n’ai rien dit d’autre.
À quoi bon ?
Je crois qu’elle a encore du mal à soigner la pathologie qui l’incite à faire n’importe quoi pour attirer l’attention.
Elle n’arrive pas encore à se débarrasser de son besoin maladif de « reconnaissance », de « valorisation ».
Les sacs de livres dont elle s’est emparée ont été offerts à la fille de la femme de ses relations, originaire du Maroc, mariée à un français, installés à Paris et propriétaires d’un lieu pour touristes au Maroc.
Ce couple ne connaît aucun de ces livres, n’a jamais rien lu sur le Maroc, et ne s’intéresse ni de près ni de loin aux publications sur le Maroc !
Cette soeur n’est passée à la maison que pour ces livres qu’elle tenait à offrir à une personne qui ne s’y intéresse pas du tout.
Nous croyons souvent connaître une personne, et nous nous rendons compte qu’en fait, nous ne la connaissons pas.
Qu’Allaah nous éclaire et nous guide.[6]

BOUAZZA

[1] Peut-être plus de trois cents.
[2] Des personnes disent calme.
[3] Qui se reconnaîtra très facilement s’il lui arrive de lire ce texte.
[4] Ils en ont emporté quelques uns chez eux.
[5] Beaucoup sont interdits au Maroc.
[6] Voir :
http://raho.over-blog.com/
http://paruredelapiete.blogspot.com/
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com/
http://laroutedelafoi.blogspot.com/
http://voyageur-autre.blogspot.com/

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